Port-Gentil, le 18 novembre 2025

La scène politique port-gentillaise est secouée depuis plusieurs jours par une contestation inattendue. Jean-Philippe Douckaga, conseiller municipal de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), a officiellement remis en cause l’élection de Pascal Houangni Ambouroue et de ses adjoints à la tête de la mairie de Port-Gentil.

Une démarche, au-delà de son caractère juridique juste, qui surprend, intrigue et suscite de nombreuses interrogations, tant elle semble entrer en contradiction avec le rôle qu’il a lui-même joué lors du scrutin.

Une contestation venue de l’intérieur

Dans un courrier daté du 14 novembre, adressé au gouverneur de l’Ogooué-Maritime Jean-Philippe Douckaga dénonce le vote à main levée, jugé selon lui non conforme aux dispositions en vigueur de la loi organique n°001/2014 qui requiert un vote uninominal à bulletin secret. Pour le requérant, cette procédure remet en cause la confidentialité du choix des électeurs.

Ce que beaucoup retiennent, cependant, c’est que le conseiller municipal de l’UDB a participé à ce vote. Il a lui-même voté pour le candidat de son parti le jour du scrutin.

Difficile, dès lors, de comprendre les raisons qui le conduisent à contester aujourd’hui un processus qu’il a contribué à valider de manière pleine et entière.

Pourquoi avoir attendu près d’une semaine ?

Autre élément qui alimente les interrogations, c’est le timing.

Si le mode électif posait réellement problème, pourquoi Jean-Philippe Douckaga n’a-t-il pas émis la moindre réserve le jour même du scrutin, alors que l’ensemble des conseillers étaient réunis, que la procédure pouvait être discutée et même qu’il aurait sans nul doute eu gain de cause ?

Au contraire, il a fallu près d’une semaine pour qu’il initie un recours.

Un délai jugé long et révélateur par certains observateurs, qui y voient moins un désaccord procédural qu’une réflexion stratégique mûrie après coup.

Un geste perçu comme un manquem à la discipline du parti

Au sein du parti de Brice Clotaire Oligui Nguema, cette démarche pourrait être interprétée comme un acte d’indiscipline militante. Car, le parti a soutenu de manière claire la candidature de Pascal Houangni Ambouroue, et le scrutin s’était déroulé dans un climat affiché d’unité. Voir un élu contester après coup le résultat auquel il a lui-même contribué est perçu comme un désaveu des lignes internes de concertation.

Certains cadres, quant à eux, évoquent un geste isolé, maladroit et inutile, qui ne fait que fragiliser la cohésion sociale au sein de la province ainsi que celle de la formation, et cela dans un contexte politique déjà particulièrement sensible.

Des ambitions personnelles en toile de fond ?

Si le recours surprend autant, c’est aussi parce qu’il laisse entrevoir des ambitions inavouées.

Rappelons le rôle qu’il a joué dans le conflit intercommunautaire qui a secoué la province de l’Ogooué-Maritime et plus particulièrement la viĺle de Port-Gentil en debut d’année 2025, un épisode qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive.

À cette période, nombreux étaient les Portgentillais qui ne comprenaient pas vraiment les motivations de sieur Doukaga, jusqu’à ce qu’il finisse lui-même par éclairer l’opinion : toute cette agitation n’était en réalité qu’une série d’appels destinés à obtenir des fonctions honorifiques.

Selon lui, les membres de sa communauté auraient été (oubliés )durant la Transition, contrairement à la communauté autochtone une affirmation pourtant démentie, preuves à l’appui.

Et comme si cela ne suffisait pas, le voilà encore une fois en train de s’exprimer de la seule manière qu’il connaît. Lui qui, colistier lors des dernières élections, se voit probablement relégué au simple rang de conseiller, recommence à faire du bruit pour tenter d’exister politiquement.

Pour plusieurs observateurs, il pourrait s’agir d’une tentative de repositionnement personnel, à défaut d’être une contestation purement technique.

Quelles qu’en soient les motivations réelles, une certitude s’impose : la démarche de Jean-Philippe Douckaga ouvre une brèche au sein de l’UDB et révèle une tension interne inattendue, dans un moment où la stabilité politique était pourtant jugée essentielle.