Rodrigue Ondo Mfoumou, procureur de la Rรฉpublique prรจs le tribunal de premiรจre instance de Port-Gentil, a initiรฉ, la semaine รฉcoulรฉe, une sรฉrie de rencontres de prise de contact avec les unitรฉs des forces de dรฉfense et de sรฉcuritรฉ relevant de son ressort. Ces รฉchanges sโinscrivent dans le cadre de lโannรฉe judiciaire 2025-2026.
Lโobjectif de ces rencontres รฉtait triple : dresser le bilan de lโannรฉe judiciaire รฉcoulรฉe, jugรฉe globalement satisfaisante, prรฉsenter aux officiers de police judiciaire (OPJ) la politique pรฉnale arrรชtรฉe par le parquet et rappeler les attentes de lโinstitution pour la nouvelle annรฉe judiciaire.
Ces รฉchanges ont dรฉbutรฉ avec la gendarmerie, avant de se poursuivre avec la police nationale, dans la salle de rรฉunion du gouvernorat de lโOgoouรฉ-Maritime, le vendredi 28 novembre, puis, la semaine suivante, avec les officiers de police judiciaire de la commune dโOmbouรฉ.

Au cours des discussions, le procureur de la Rรฉpublique, qui avait dรฉjร donnรฉ le ton lors de son discours ร lโoccasion de la rentrรฉe judiciaire, a relevรฉ plusieurs manquements imputables ร certains OPJ. Des comportements jugรฉs dรฉviants, constituant non seulement des fautes professionnelles, mais portant รฉgalement atteinte ร lโimage des forces de sรฉcuritรฉ et creusant un fossรฉ entre celles-ci et les populations quโelles sont censรฉes rassurer et protรฉger.
Parmi les dysfonctionnements relevรฉs figurent notamment le non-respect des droits des personnes gardรฉes ร vue, lโapplication parfois arbitraire des mesures de garde ร vue, souvent ร lโinsu du parquet, la prise en charge dโaffaires civiles qui devraient, en principe, รชtre orientรฉes vers le juge civil.
Dans lโopinion publique, notamment dans les artรจres de la capitale รฉconomique, dโautres pratiques sont รฉgalement dรฉnoncรฉes : retrait de plainte conditionnรฉ au versement de sommes dโargent, mises en libertรฉ contre paiement de montants jugรฉs exorbitants, lรฉgรจretรฉ dans la conduite des enquรชtes, complicitรฉ prรฉsumรฉe de certains officiers de police judiciaire avec des rรฉseaux de trafic de stupรฉfiants. Un fait, qui selon certains observateurs, contribuerait ร rendre plus difficile lโรฉradication du phรฉnomรจne de trafic de stupรฉfiants dans la ville de Port-Gentil.

Le parquet a par ailleurs dรฉplorรฉ lโimmixtion, jugรฉe inadmissible, de certains responsables militaires dans le champ judiciaire, une sphรจre qui ne relรจve pourtant pas de leurs prรฉrogatives.Cette rencontre a ainsi permis ร Rodrigue Ondo Mfoumou de rappeler que ยซ le procureur de la Rรฉpublique est le chef de lโaction judiciaire ยป et que les officiers de police judiciaire placรฉs sous sa juridiction agissent sous son autoritรฉ. ร ce titre, il a procรฉdรฉ ร un rappel des dispositions des articles 19, 20, 21, 23, 40 et 41 du Code de procรฉdure pรฉnale encadrant les relations entre le parquet et les OPJ, insistant sur la nรฉcessitรฉ de rapports fondรฉs sur la courtoisie et le respect mutuel.
Si cette initiative, saluรฉe par plusieurs observateurs, traduit la volontรฉ du magistrat de restaurer lโimage de la justice et des forces de dรฉfense et de sรฉcuritรฉ, le vรฉritable dรฉfi demeure lโengagement effectif des OPJ ร rompre avec certaines pratiques. Car, comme le dit lโadage, ยซ les mauvaises habitudes ont la peau dure ยป.#omi