Port-Gentil, le 21 octobre 2025

Au moment où le Gabon s’engage pleinement dans la 5ᵉ République, après l’instauration d’une nouvelle Constitution et la refonte des institutions, c’est tout un pan de la vie politique locale qui s’anime dans le deuxième arrondissement de Port‑Gentil. Là, au sein de la Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), réputée pour sa discipline et sa cohésion, surgissent des tensions ( souterraines ) autour d’une candidature sénatoriale signe que la phase locale est déjà entrée dans son propre jeu d’alliances et de rivalités.

𝐋é𝐨𝐧 𝐀𝐛𝐚𝐛é, 𝐮𝐧 (𝐛â𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐮𝐫 )𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐚𝐧𝐜𝐫é

Léon Ababé apparaît comme une figure solide de l’UDB dans ce tissu politique de Port-Gentil. En tant que secrétaire général adjoint, il a orchestré le ralliement de partis et d’associations au sein de son parti dans ce deuxième arrondissement, marquant son influence.

Aujourd’hui conseiller municipal élu, il dispose d’un solide capital politique. De ce fondement, il déclare sa candidature au mandat de sénateur pour les 1er et 2ᵉ sièges de Port-Gentil candidature largement saluée dans son fief comme un prolongement naturel de son action, une promesse de stabilité et de continuité.

𝐋’é𝐦𝐞𝐫𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐏𝐞𝐩𝐞𝐜𝐲 𝐎𝐠𝐨𝐮𝐥𝐢𝐠𝐮𝐞𝐧𝐝é 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐜 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐦𝐛𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬

Mais la donne change avec l’annonce de Pepecy Ogouliguendé, nouvelle conseillère municipale et présidente de l’association Malachie. Elle exprime son intention de briguer le même siège sénatorial que Léon Ababé.

Cet acte déclenche une onde de choc interne : pour certains militants, c’est un manque de loyauté envers celui qui l’a (introduite ) aux listes électorales locales ; pour d’autres, c’est l’expression d’une démocratie interne vivante l’idée que l’UDB n’est pas un parti figé mais un espace où plusieurs ambitions peuvent cohabiter.

𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐥𝐚 𝐝𝐢𝐬𝐜𝐢𝐩𝐥𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢 𝐬𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐥𝐞 à 𝐥’𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞

Face à cette situation qui remet en lumière les tensions entre hiérarchie et émancipation, Richard Albert Royembo, directeur de cabinet adjoint 1 de l’UDB, adresse un message solennel aux militants : « À l’UDB, la discipline est l’apanage du bon militant et le respect de la hiérarchie constitue un sacerdoce », pouvait-on lire sur son message à l’intérieur il a clairement exprimé son désaccord sur cet état des faits.

Ce rappel n’est pas anodin : il souligne la volonté de la direction nationale de maintenir l’unité et d’éviter que des divergences internes ne viennent fragiliser la dynamique politique dans un contexte national déjà sensible.

𝐋𝐨𝐲𝐚𝐮𝐭é 𝐨𝐮 é𝐦𝐚𝐧𝐜𝐢𝐩𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 ?

Le cas de Pepecy Ogouliguendé incarne à la fois l’âme des bâtisseurs et celle des bâtisseuses. D’un côté, l’histoire rappelle que Léon Ababé l’aurait (( repêchée )) lors de la confection des listes locales, lui permettant d’obtenir un mandat municipal. De l’autre, aujourd’hui, elle revendique sa candidature comme un acte d’émancipation féminine, s’inscrivant dans la logique de l’ouverture et de l’égalité des genres impulsée par les plus hautes autorités du pays.

En clair : hier soutien, aujourd’hui rivale ce paradoxe illustre la complexité des liens personnels, des dettes politiques et des ambitions individuelles.

𝐐𝐮𝐞𝐥 𝐜𝐡𝐨𝐢𝐱 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥’𝐔𝐃𝐁 𝐞𝐭 𝐥’𝐞𝐧𝐣𝐞𝐮 𝐥𝐨𝐜𝐚𝐥

Les candidatures doivent être déposées le 23 octobre prochain auprès de la Commission provinciale électorale. D’ici là, la question plane : laquelle des deux candidatures sera officiellement retenue ? Celle de Léon Ababé, pilier historique de l’arrondissement, ou celle de Pepecy Ogouliguendé, signe d’un renouvellement et d’une aspiration d’ouverture ?

Le choix de l’UDB sera lourd de sens, car dans cette ville-port, économique et stratégique, la désignation d’un sénateur n’est pas seulement un geste partisan mais un signal politique fort. Et dans une 5ᵉ République qui peine encore à trouver ses marques, c’est aussi une occasion de montrer que la transition institutionnelle s’accompagne d’une vitalité locale, capable de traduire l’ambition collective en action.