Port-Gentil, le 2 septembre 2025

Au #Gabon, les élections sont souvent marquées par des pratiques qui ne traduisent pas la volonté de changement réel des citoyens. Hier encore, les Gabonais dénonçaient la corruption des politiciens, accusés d’acheter les voix à coups de billets et de promesses creuses. Mais la réalité est plus nuancée : les électeurs eux-mêmes ont souvent accepté ce jeu malsain, cautionnant ainsi un système qui les maintient dans la précarité.

𝐔𝐧𝐞 𝐩𝐫𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐦𝐚𝐥𝐠𝐫é 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐑é𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞

Aujourd’hui, même avec l’avènement de la Ve République et l’installation d’un nouveau président, les vieux réflexes demeurent. En effet, alors que la précampagne pour les #locales et les #législatives du 27 septembre prochain bat son plein dans le pays, et dans le chef-lieu de l’#Ogooué_Maritime, en particulier, des témoignages faisant état des cartes d’électeurs qui auraient encore été, comme autrefois, échangées contre 5 000 francs, dans certains etats-majors, abondent. Signe que la corruption électorale reste un mal profondément ancré dans les mentalités.

𝐋’é𝐥𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫, 𝐚𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐞𝐭 𝐯𝐢𝐜𝐭𝐢𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐚 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐫𝐫𝐮𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧

Il est facile de pointer du doigt les candidats qui distribuent de l’argent pour acheter des consciences. Mais il faut aussi reconnaître une vérité dérangeante : les électeurs gabonais acceptent eux-mêmes de se faire corrompre. En échange d’un billet ou d’une promesse éphémère, ils livrent leur droit le plus précieux : choisir librement leurs dirigeants.

En agissant ainsi, l’électeur devient complice du système qu’il prétend dénoncer. Cette responsabilité citoyenne, souvent minimisée, mérite pourtant d’être posée clairement. Car sans électeurs consentants, la corruption électorale n’aurait tout simplement pas de place.

𝐂𝐢𝐧𝐪 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐧𝐜𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐧𝐪 𝐚𝐧𝐧é𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐞

Au-delà de l’acte, le calcul est dramatique : échanger sa voix contre 5 000 francs, c’est troquer cinq années d’avenir contre une satisfaction immédiate. Les conséquences, elles, se paient au quotidien : chômage endémique, vie chère, services publics défaillants.

Les mêmes électeurs qui se laissent séduire par quelques billets sont aussi ceux qui, demain, élèveront la voix contre la pauvreté, la mauvaise gouvernance ou l’absence d’opportunités. Mais comment espérer des dirigeants intègres, quand le choix des urnes repose sur la valeur d’un repas ou d’un plein d’essence ?

𝐔𝐧 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐩𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐡𝐚𝐛𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞𝐬

La corruption électorale n’est pas seulement une affaire de candidats ; elle reflète également un état d’esprit collectif. Si les institutions évoluent, les mentalités, elles, restent accrochées à d’anciennes pratiques.

En continuant à accepter l’achat des voix, les électeurs compromettent leur propre avenir et montrent que le chemin vers une véritable transformation démocratique est encore long.

La Ve République se veut porteuse de renouveau, mais son efficacité dépendra aussi de la capacité des citoyens à rompre avec des habitudes qui freinent l’évolution politique et sociale du pays.