
Une suspension qui ravive de vieux dรฉmons.
La nouvelle est tombรฉe comme un couperet : la directrice gรฉnรฉrale de la CNAMGS, Nadia Christelle Koye, a รฉtรฉ suspendue ร titre conservatoire par le Prรฉsident du Conseil dโAdministration, Alain-Claude Kouakoua.
Une dรฉcision qui, en quelques heures, a replongรฉ la Caisse dans une zone de turbulences dont elle peine ร sortir depuis des annรฉes.
ยซ Cโest toujours quand on commence ร espรฉrer un vent nouveau que la tempรชte revient ยป, glisse un agent rencontrรฉ dans les couloirs de la direction gรฉnรฉrale.
Selon la lettre signรฉe du PCA, cette suspension sโappuie sur lโarticle 29 des statuts internes, qui autorisent une telle mesure en cas de *faits graves*. Mais pour beaucoup, le scรฉnario rappelle de tristes souvenirs : celui dโune crise de gouvernance permanente, oรน les institutions sโaffrontent au dรฉtriment du personnel et des assurรฉs.
๐๐ ๐ฌ๐ฒ๐ง๐๐ข๐๐๐ญ ๐ก๐๐ฎ๐ฌ๐ฌ๐ ๐ฅ๐ ๐ญ๐จn
En rรฉaction, le SYNA-CNAMGS, syndicat maison, a dรฉnoncรฉ ยซ un abus dโautoritรฉ ยป et exigรฉ le dรฉpart pur et simple du PCA.
Ses responsables pointent un dรฉcret, le fameux nยฐ0076/PR/MAS, quโils jugent ยซ dรฉsรฉquilibrรฉ ยป, car il donnerait trop de pouvoir au Conseil dโadministration sur la direction gรฉnรฉrale.
ยซ Nous nโaccepterons pas quโun seul homme dรฉcide du destin dโune institution nationale ยป, martรจle un dรฉlรฉguรฉ syndical lors du point de presse du 6 octobre.
Lโorganisation syndicale voit dans cette dรฉcision une manลuvre visant ร ยซ museler ยป la direction, et dรฉnonce un climat dโingรฉrence et de confusion des rรดles. Pour elle, le PCA outrepasse ses prรฉrogatives, et la suspension de la DG ne serait quโun รฉpisode dโun bras de fer plus large entre vision administrative et contrรดle syndical.
๐๐ง ๐๐ข๐ซ ๐๐ ๐รฉ๐ฃร -๐ฏ๐ฎ : ๐ช๐ฎ๐๐ง๐ ๐ฅ๐๐ฌ ๐ญรช๐ญ๐๐ฌ ๐ญ๐จ๐ฆ๐๐๐ง๐ญ, ๐ฅ๐๐ฌ ๐ฉ๐ซ๐จ๐๐ฅรจ๐ฆ๐๐ฌ ๐ซ๐๐ฌ๐ญ๐๐ง๐ญ
Pourtant, sur les rรฉseaux internes et les forums des agents, une autre voix se fait entendre. Celle dโune mรฉmoire collective fatiguรฉe des querelles de personnes.
Certains rappellent quโil y a deux ans, dรฉjร , le syndicat avait obtenu le dรฉpart dโun prรฉcรฉdent dirigeant, prรฉsentรฉ alors comme responsable de tous les maux.
Le rรฉsultat ? Des promesses non tenues, des acquis sociaux fragilisรฉs, et une dรฉsillusion gรฉnรฉralisรฉe.
ยซ On ne peut pas continuer ร crier au loup ร chaque dรฉsaccord ยป, รฉcrit un cadre sur un fil de discussion, ยซ ce nโest pas en coupant des tรชtes quโon sauve la maison, cโest en rรฉparant les fondations ยป.
Ce constat, amer mais lucide, rรฉsume le sentiment de nombreux employรฉs : la CNAMGS ne manque pas dโexperts, mais de stabilitรฉ.
Changer un DG ou un PCA sans revoir les procรฉdures, les contrรดles et les รฉquilibres internes, cโest condamner la Caisse ร rejouer sans fin le mรชme drame administratif.
๐๐ฒ๐ง๐๐ข๐๐๐ญ, ๐๐จ๐ง๐ฌ๐๐ข๐ฅ, ๐๐ข๐ซ๐๐๐ญ๐ข๐จ๐ง : ๐จรน ๐ฌ๐จ๐ง๐ญ ๐ฅ๐๐ฌ ๐ฅ๐ข๐ฆ๐ข๐ญ๐๐ฌ ?
Dans cette affaire, tout se joue sur un fil trรจs fin : le respect des rรดles institutionnels.
Le Conseil dโadministration a le pouvoir de sanctionner, mais il doit le faire dans le cadre dโune procรฉdure contradictoire et avec dรฉcision motivรฉe.
Le syndicat, quant ร lui, a le droit et mรชme le devoir de protรฉger les agents, de dรฉnoncer les abus, dโexiger la transparence.
Mais il nโa pas vocation ร destituer les dirigeants ou ร dรฉsigner les coupables.
ยซ Le syndicat est la voix du personnel, pas le bras exรฉcutif du Conseil ยป, rappelle un ancien dรฉlรฉguรฉ syndical, aujourdโhui retraitรฉ. ยซ Sโil se transforme en tribunal populaire, il perd sa lรฉgitimitรฉ morale ยป, ajoutรฉ le pensionnaire.
Cโest lร tout le dilemme : dรฉfendre sans dรฉtruire, contester sans remplacer, surveiller sans gouverner.
๐๐ ๐๐๐๐๐๐ ๐๐๐๐ ร ๐ฌ๐จ๐ง ๐๐๐ฌ๐ญ๐ข๐ง
Au-delร des querelles, la question essentielle demeure : ร qui profite vraiment cette crise ?
Aux travailleurs ? Peu probable. Chaque crise coรปte en crรฉdibilitรฉ, en cohรฉsion et en motivation.
Aux assurรฉs ? Pas davantage : les retards de remboursement, les lenteurs administratives et les suspensions internes finissent toujours par les toucher.
ร la CNAMGS elle-mรชme ? Non plus. Une institution affaiblie par les luttes internes perd sa capacitรฉ dโagir.
ยซ Ce dont nous avons besoin, ce nโest pas dโun nouveau dรฉpart, mais dโun redรฉmarrage collectif ยป, souffle un cadre de la direction. Il sโagit selon ce dernier, ยซ dโun audit, de la transparence, et des rรจgles claires entre tous les organes ยป.
๐รฉ๐๐จ๐ง๐๐ข๐ฅ๐ข๐๐ซ ๐ฅ๐ ๐๐๐ข๐ฌ๐ฌ๐ ๐๐ฏ๐๐ ๐ฌ๐ ๐ฆ๐ข๐ฌ๐ฌ๐ข๐จ๐ง
Car au fond, la CNAMGS nโest pas une arรจne politique, cโest une institution sociale.
Son rรดle premier est de garantir lโaccรจs aux soins et la protection sociale des Gabonais.
Cette mission, sacrรฉe, ne peut sโaccomplir dans la mรฉfiance et la division.
Le dรฉpart dโun PCA ou la suspension dโune DG ne doit pas รชtre une victoire, mais un signal dโalerte.
Lโheure est venue de repenser les rรจgles, pas les visages ; de restaurer la confiance, pas de rallumer les colรจres.
๐๐จ๐ง๐๐ฅ๐ฎ๐ฌ๐ข๐จ๐ง : ๐ฅ๐ ๐ฅ๐ฎ๐๐ข๐๐ข๐ญรฉ ๐ฉ๐ฅ๐ฎ๐ญรด๐ญ ๐ช๐ฎ๐ ๐ฅ๐ ๐ฆรฉ๐ฆ๐จ๐ข๐ซ๐ ๐๐จ๐ฎ๐ซ๐ญ๐
Si la CNAMGS veut โredevenir la caisse qui faisait rรชverโ, comme le disent avec nostalgie ses anciens agents, elle devra choisir :
soit de continuer ร faire tomber des tรชtes au grรฉ des tensions,
soit se donner le courage de reconstruire ses bases sur la transparence, la compรฉtence et la responsabilitรฉ partagรฉe.
ยซ Le Gabon de demain ne se construira pas sur des rรจglements de comptes, mais sur des institutions solides ยป, conclut sobrement un employรฉ du service mรฉdical.
Cโest peut-รชtre lร la leรงon que la CNAMGS doit enfin apprendre.









